L’étang de Berre : un écosystème unique sous pression
Avant toute chose, il est essentiel de comprendre ce qui fait la richesse de l’étang de Berre. Alimenté à la fois par des eaux douces issues de la Durance et des eaux salées venant de la Méditerranée, cet étang est un écosystème hybride exceptionnel. Sa faune et sa flore sont extrêmement variées, abritant plusieurs espèces de poissons, d’oiseaux migrateurs et même des plantes spécifiques aux lagunes salées. Malgré cela, la biodiversité de l’étang est confrontée à des pressions grandissantes.
Les perturbations causées par les activités humaines
L’industrialisation a profondément marqué l’étang de Berre. Dès les années 1930, des exploitations industrielles majeures se sont implantées sur ses rives : raffineries, zones portuaires et complexes pétrochimiques. Le rejet de substances polluantes, couplé à l’urbanisation galopante, a écorné l’équilibre écologique de l’étang. Par exemple, l’introduction massive d’eau douce provenant du canal EDF sur la Durance a perturbé son salinité naturelle, affectant gravement la faune aquatique.
Un chiffre alarmant : dans les années 1970, l'étang a subi jusqu'à 9 millions de mètres cubes d'eau douce rejetée annuellement depuis la centrale hydroélectrique, provoquant une baisse de la salinité de 20 à 25 %. Ces modifications ont conduit à la prolifération d’algues invasives et à une raréfaction de nombreuses espèces aquatiques.
Bien que des efforts aient été faits pour réduire les rejets industriels et améliorer la qualité de l’eau à partir des années 2000, ces changements tardifs n’ont pas effacé des décennies de dégradation. Selon les données rapportées par le Comité pour le Développement Durable de l’étang de Berre (Pôle Relais Lagunes Méditerranéennes), des investissements réguliers restent requis pour maintenir une qualité d’eau satisfaisante.
Le réchauffement climatique, un nouveau défi
Le contexte mondial du réchauffement climatique vient s’ajouter à la liste des menaces auxquelles l’étang de Berre doit faire face. La hausse des températures entrave encore davantage les équilibres fragiles de ce milieu. Des sécheresses plus fréquentes et une élévation du niveau de la mer accélèrent la dégradation des habitats naturels autour de l’étang.
Un rapport publié par l’Observatoire Régional de la Biodiversité de la région Sud notait que, si aucun plan d’adaptation n’est mis en place, les zones humides autour de l’étang pourraient perdre jusqu’à 30 % de leurs fonctionnalités écologiques d’ici 2050. De plus, les poissons, particulièrement sensibles aux variations de température et d’oxygénation de l’eau, suscitent une inquiétude accrue pour les pêcheurs locaux.